Mort, deuil par l’art thérapie

Le deuil est un sujet digne d'en parler, pour créer des outils appropriés, se saisir de ceux qui existent.

La mort et le deuil font partie intégrante de nos vies . Le processus créatif dans le cadre des arts thérapeutiques peut faciliter le processus de deuil et permettre expression, quête de sens, réparation, reconnexion et transcendance. Nous explorerons différents moyens artistiques et thérapeutiques pour pratiquer notre propre auto-ethnographie et accompagner les deuils des autres.

L’auto-ethnographie est un travail de recherche axé sur le vécu singulier de l’individu dans le but d’offrir une compréhension culturelle, politique et sociale plus large sur un sujet donné. 

On se replace dans notre contexte environnementale et sociétale.

Ce que je retiens du deuil aprés mes études et années de travailleur social

Winicott, pédiatre et psychanalyste disait qu’une mère doit être suffisamment bonne pour que le nourrisson ait un développement psychique satisfaisant.

Pour moi, le deuil doit être suffisamment vivable.

On est face à deux sortes de deuils . le deuil personnel et le deuil collectif

Première du deuil

Le problème c’est que tout le monde s’est basé sur les 5 étapes du deuil déterminées par le Dr Kubler-Ross, qui travaille avec des personnes en stade terminal.  Elle avait noté
– le choc,
– le déni,
– la dépression,
– la reconstruction et
– l’acceptation.

Sauf que ces étapes ont été reprises malgré ses avertissements car elles sont erronées sur d’autres circonstances que la phase terminale de maladie. Le deuil n’est pas linéaire pour tous.

Un nouveau regard sur la mort

Plus tard, Worden, psychologue, a noté 4 tâches à accomplir.
– Accepter la réalité,
– Digérer la douleur,
– S’adapter à un monde sans l’autre,
– Trouver un moyen de penser à l’autre tout en continuant sa vie.

Cette idée rejoint celle du lien continuel de Klass, Silverman et Nickman en 1996

Des propositions vient étayer la recherche autour du deuil

Puis il y a eu le concept du modèle double. C’est l’idée d’allers retours permanents entre ce qui n’est plus et le monde nouveau de Strobe et Schutz en 1999.

Vient enfin la reconstruction de sens par Attig et Neimeyer en 2001. Comment la séparation impacté notre identité, notre sens d’appartenance à notre famille et communauté. L’impact est différent suivant notre contexte familial, le soutien qu’on reçoit, notre entourage, notre stabilité générale.

Dans le cas d’un deuil collectif, on trouve celui de ces enfants hospitalisés en fin de vie malheureusement, qui lorsqu’ils partent laissent tous les autres camarades de soin palliatif mais aussi leurs camarades d’école ! Et eux ne veulent pas se souvenir de leur ami amaigri et malade. Ils le veulent en forme dans leur esprit. C’est lui qu’ils ont connus à l’école. Ils veulent dire au revoir à celui là.

Pourquoi parler de la mort ?

La mort est obligatoire dans la vie. Elle en fait partie. L’art thérapie permet de parler de ce qu’on ne peut pas dire par des mots.

Je ressens seul->par l’ART->Je me sens connecté.

Ce que je dis, c’est la partie visible de l’iceberg. Tout le bloc caché s’exprime par l’art thérapie.

Frida Khalo a su exprimer la mort sous son pinceau sans se censurer.

Autrefois nous vivions avec la mort . La veillée était très commune. Tout le village venait dire un dernier au revoir au défunt.

Un cas pourtant particulièrement difficile est le deuil sans corps. Comme il est important de parler du défunt, l’épistola, une association, c’est créée pour accompagner le deuil de ceux qui restent sans réponse.

Mais il y a aussi le deuil d’une situation géographique. Si on est expatrié, il peut être invivable de s’implanter dans une nouvelle vie.

Des livres sur la mort pour…

De nombreux ouvrages viennent accompagner le chemin de la compréhension du deuil. Ils sont là pour :

S’exprimer. Car on est pas toujours triste du décès de quelqu’un. Et c’est aussi très inconfortable. On peut éprouver de la colère si justice n’est pas faite du vivant de la personne qui a fait du mal. On peut éprouver de la joie si la personne était en souffrance par exemple. Il est important de laisser sortir… sans juger.

Transformer. Apporter un autre regard. Réparer. Refermer.

Se préparer . Pour imaginer et vivre un deuil prochain.

Se connecter . Au travers du rituel, des activités artistiques collectives, se relier aux autres.

Qu’est ce que l’auto ethnographie ?

C’est faire sa propre histoire du deuil.

Faire son auto-ethnographie sur le deuil consiste à réfléchir et à écrire sur sa propre expérience de deuil. Il s’agit d’une méthode de recherche qui permet à une personne de se situer en tant que sujet d’étude et de réfléchir à son expérience personnelle de manière à la rendre intelligible pour les autres.

Pour mener son auto-ethnographie sur le deuil, voici quelques étapes à suivre :

Réfléchir sur votre propre expérience de deuil :


Prenez le temps de réfléchir sur votre propre expérience de deuil et notez les différentes émotions et sentiments que vous avez ressentis. Essayez de décrire en détail ce que vous avez vécu, les circonstances de la perte, votre processus de deuil et les stratégies que vous avez utilisées pour faire face.

Analyser votre expérience de deuil :


Analysez votre expérience de deuil pour comprendre les différentes étapes et les processus que vous avez traversés. Essayez d’identifier les facteurs qui ont influencé votre expérience de deuil, tels que votre culture, vos croyances et vos valeurs.

Écrire votre auto-ethnographie :


Utilisez vos notes et vos analyses pour écrire votre auto-ethnographie sur le deuil. Essayez de décrire votre expérience de manière concise et claire, en utilisant des exemples concrets pour illustrer vos points. Vous pouvez également inclure des réflexions sur les changements que vous avez observés en vous-même après avoir traversé le processus de deuil.

Partager votre auto-ethnographie :


Partagez votre auto-ethnographie avec d’autres personnes pour obtenir des commentaires et des réactions. Vous pouvez également partager votre auto-ethnographie avec d’autres personnes qui ont vécu une expérience de deuil similaire pour mieux comprendre les différentes façons dont les personnes gèrent le deuil.

En résumé, l’auto-ethnographie sur le deuil consiste à réfléchir et à écrire sur sa propre expérience de deuil en utilisant des méthodes de recherche qualitatives. Cette méthode peut aider à mieux comprendre les différentes étapes et les processus du deuil, ainsi qu’à identifier les facteurs qui influencent l’expérience de deuil d’une personne

Le but est de mieux écouter l’autre en s’étend écouté avant.

Apprendre à se comprendre dans le deuil permet de comprendre et accueillir l'autre face à la mort.

Mexique et mort

Au Mexique, la mort est fêtée en couleur et en musique. Elle est libération.Un autel avec la photo de la personne, ce qu’elle aimait, et tout son système familiale y est représenté.  C’est l’altar de muertos . L’autel des morts.

Le deuil au Mexique est fortement influencé par les croyances et les traditions culturelles du pays. La mort est considérée comme une transition vers une autre vie, et il existe de nombreuses célébrations et rituels associés au décès et au deuil.

Voici quelques-unes des pratiques et des croyances associées au deuil au Mexique :

Le Dia de los Muertos :

Le Dia de los Muertos ou la « Journée des morts » est une célébration annuelle qui a lieu le 1er novembre et le 2 novembre. Pendant cette période, les familles se rassemblent pour honorer leurs proches décédés en décorant des autels avec des photos, des bougies, des fleurs et des offrandes de nourriture et de boissons. Cette célébration est considérée comme une occasion de se connecter avec les ancêtres et de célébrer leur vie.

Les funérailles :

Les funérailles au Mexique sont souvent célébrées dans les maisons plutôt que dans les églises. Les membres de la famille et les amis se rassemblent pour prier, chanter et réciter des prières en l’honneur du défunt. Les cercueils sont souvent décorés de fleurs et de couleurs vives pour symboliser la vie.

Les traditions religieuses :

Le Mexique est un pays principalement catholique, et de nombreuses traditions catholiques sont associées au deuil. Les prières, les messes et les processions sont courantes pendant le temps de deuil.

Les rituels de purification :

Après la mort d’un proche, il est courant pour les membres de la famille de se purifier en prenant un bain ou en portant des vêtements blancs. Cette pratique est considérée comme un moyen de se libérer de l’énergie négative associée à la mort.

Les offrandes funéraires :

Les offrandes funéraires, comme les fleurs, les bougies et les photos, sont souvent placées sur la tombe du défunt. Les membres de la famille peuvent également faire des offrandes de nourriture et de boissons pour honorer la mémoire de leur proche.

En résumé, le deuil au Mexique est profondément enraciné dans les traditions culturelles et religieuses du pays. Les célébrations, les rituels et les pratiques associées au deuil visent à honorer les ancêtres et à les garder présents dans la mémoire collective.

Expressions artistiques éphémères du deuil

Voici des exemples de moyens d’expression différents et ponctuels.



Le sel

Yamamoto est un artiste qui se sert du sel , souvent inclu dans les rituels. Sa sœur est décédé d’une tumeur. Il représente son chagrin en incluant le collectif dans ses créations éphémères.

Yamamoto fait des tableaux en sel éphémères pour exprimer la tumeur de sa soeur.

La chaise vide

Également, la chaise vide est un excellent moyen de dire au défunt ce qui n’a pu l’être . C’est de la drama thérapie.

La technique de la chaise vide est trés pertinente pour exprimer ce qu'on a sur le coeur de jamais dit.

La thérapie du bac à sable ou Sandtray

Pour les enfants, la Sandtray Therapy est extrêmement adaptée.

Cette thérapie du bac à sable est une forme de thérapie créative qui utilise un plateau rempli de sable et de petits objets pour aider les clients à explorer et à traiter des problèmes émotionnels. Cette technique peut également être utile pour les personnes en deuil.

Thérapie de deuil et reconstruction du sens

Robert A. Neimeyer et Gabrielle Chiaramonte Sorensen, qui ont développé une forme de thérapie appelée « Grief and Meaning Reconstruction » (thérapie de deuil et reconstruction du sens).

Robert A. Neimeyer est un psychologue clinicien et professeur de psychologie à l’Université du Memphis aux États-Unis. Il a publié de nombreux livres et articles de recherche sur le deuil et est considéré comme un expert en la matière. Gabrielle Chiaramonte Sorensen est également psychologue clinicienne et professeur de psychologie à l’Université de San Francisco

Le deuil

Dans le cadre du deuil, la Sandtray Therapy peut aider les personnes à exprimer leurs sentiments et à explorer leur relation avec la personne décédée. Les clients peuvent créer des scènes symboliques en utilisant les objets dans le bac à sable pour représenter leur deuil, leur douleur, leur colère, leur tristesse ou tout autre émotion ou situation qu’ils souhaitent exprimer. En créant ces scènes symboliques, les personnes peuvent explorer leur propre processus de deuil et obtenir une perspective différente sur leur situation.

La Sandtray Therapy peut également être utilisée pour aider les personnes à explorer leur propre relation avec la mort et à se préparer à faire face à leur propre mortalité. Ils peuvent utiliser les objets dans le bac à sable pour créer des scènes qui représentent leur propre vie ou leur propre mort.

Les enfants

De plus, la thérapie par le jeu est une autre forme de thérapie créative qui peut être utile pour les personnes en deuil, en particulier pour les enfants. La Play Therapy utilise des jeux, des jouets et des activités ludiques pour aider les enfants à exprimer leurs sentiments et à traiter leur chagrin. Les enfants peuvent utiliser des jouets pour représenter leur expérience de deuil et pour explorer leurs sentiments de tristesse, de colère, de confusion ou de toute autre émotion associée à la perte d’un être cher.

En résumé, la Sandtray Therapy et la Play Therapy sont deux formes de thérapie créative qui peuvent être utiles pour les personnes en deuil. Ces techniques offrent un espace sûr pour explorer les émotions et les sentiments associés à la perte d’un être cher, en utilisant des objets symboliques ou des jouets pour représenter la situation et les émotions associées.

Centre d’études

Le groupe Routledge/Taylor & Francis a rassemblé de nombreuses études psychologiques, sociales, humaines et scientifiques. Il publie des livres, des revues, des bases de données et des ressources éducatives dans une large gamme de domaines académiques qui peuvent aider les professionnels dans leur démarche de relation d’aide.

Se préparer au deuil en préparant son propre départ

Candy Chang a créé le mur Before I Die à la Nouvelle Orléans. 5000 murs aujourd’hui dans le monde !

Candy Chang est une artiste américaine connue pour ses projets artistiques interactifs qui invitent le public à réfléchir sur la vie et les relations sociales dans les espaces publics. Elle est née en 1976 à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, et a obtenu un diplôme de l’Université de Tulane en architecture et en planification urbaine.

Chang est surtout connue pour son projet « Before I Die » (Avant de mourir), qu’elle a créé en 2011 sur un mur abandonné dans sa ville natale. Le projet consistait en une série de panneaux noirs avec l’inscription « Before I die, I want to ________ » (« Avant de mourir, je veux ________ »). Les gens étaient invités à écrire leurs souhaits et leurs rêves sur les panneaux avec de la craie, créant ainsi un espace public interactif pour la réflexion et l’introspection.

Depuis la création de « Before I Die », le projet a été répliqué dans des centaines de villes à travers le monde et a été traduit dans plus de 40 langues. Les œuvres de Candy Chang ont également été exposées dans des musées et des galeries d’art à travers les États-Unis et dans d’autres pays, et elle a reçu plusieurs prix et distinctions pour son travail en art public et en urbanisme participatif.

Les murs "Before I Die" sont plus de 5000 dans le monde, créés par Candy Chang.

Pour conclure…

Je laisse le mot de la fin à Marc Chagall qui disait : Si la vie va inévitablement vers la fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d’espoir.❤️

Si cette page vous a plu,partagez-la! ;)

3 commentaires

  1. Merci pour cet article qui donne des pistes sur le deuil, j’ai beaucoup aimé l’expression artistique… Ma grand-mère, avec laquelle j’étais hyper proche, est décédée l’an passé et je n’ai pas l’impression d’avoir encore entamé les différentes étapes, je trouve ça hyper bizarre. Est-ce comme cela dans toutes les cultures ?

  2. Oui, l’expression artistique aide beaucoup à déposer et transformer les émotions.
    Les différentes étapes, comme je l’explique, ne sont pas obligatoires et chaque deuil est personnel.
    De ce fait, aucune inquiétude à avoir si quelque chose ne semble pas s’exprimer.
    Tu peux, par contre, illustrer ce que tu as vécu avec ta grand mère, et lui rendre hommage, par l’art qui te parle ! (Collages, peinture,mots, voir tout mélangé, musique, danse et autres moyens…)

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.