

« Ho…Une fessée de temps en temps tu sais, ça fait pas de mal… Ça remet les idées en place au gosse! » Vous avez déjà entendu cette remarque n’est-ce pas ? Mais en réalité, le châtiment corporel ou moral est-il sans risque et bénéfique pour l’enfant ? Voyons ce que disent les experts, neurologues et pédiatres de l’impact sur la construction psychologique de l’individu . Et en bonus, une vidéo discussion avec une professionnelle.
Fessée, punition, privations
Oui, les punissions corporelles ont un effet négatif sur le développement social et psychologique de l’enfant. La fessée est d’ailleurs interdite suite aux débordements relevés trop souvent.
Nos enfants doivent ils être les pushing-ball et réceptacles des adultes ? Dans la pyramide de Maslow, le besoin de sécurité est le deuxième de la liste des besoins primaires.


L’enfant a besoin de sécurité physique et psychologique. Les parents sont les premiers auprès desquels il trouve cette sécurité. S’il ne le trouve pas dans ce cocon, il ressent l’insécurité et contact une émotion de stress avant même que le parent ne fasse tomber sa sentence.
L’adulte peut facilement se laisser aller à lâcher ses nerfs sur l’enfant qui est impuissant, n’a aucune arme verbale ou physique pour se protéger et dire stop de suite.
Pour stopper le comportement de l’enfant qui vient contacter l’émotion forte de l’adulte, ce dernier peut prendre le raccourcis nuisible de la violence.
Les privations,punitions multiples sont une façon détournée de faire pression sur l’enfant, pourtant répandues, car elles donnent un sentiment de contrôle à l’adulte.
Mais qu’en est-il de l’enfant ?
Les conséquences de la violence sur l’enfant
L’enfant corrigé physiquement ou punis :
- Il se croit mauvais. Se voyant dans le regard de ses parents, il a une estime de lui-même brisée.
- Il normalise la violence comme une réponse aux problèmes.
- Il abdiquera sur le moment, mais à long terme naîtra une agressivité en lui qui ressortira il deviendra anxieux, voudra lui aussi occuper une position de pouvoir dans une relation.
- Un enfant connaissant la violence a de grandes chances de l’être à son tour. Il sortira sa rage enfouie, que ce soit avec ses pairs comme avec ses parents.
- Il se méfiera des adultes, sera sur l’offensive.
- Il a du mal à se concentrer, est déprimé.
- Il a des chances de reproduire adulte les traits violents qu’il a connu et de développer une addiction à l’alcool et aux drogues.


Une étude complète publiée donne les résultats des neurologues sur leurs recherches face à la violence et le cerveau de l’enfant.
Neurologie du développement du cerveau et humiliations


Durant la petite enfance de 1 à 3 ans, puis durant l’adolescence, le cerveau est extrêmement malléable. Plus les relations avec l’entourage sont sereines et aimantes, plus les réseaux neurologiques vont se consolider.
Comment ? Par l’empathie déjà. De 6 semaines à 8 ans,cette aptitude des parents va produire chez l’enfant une création de matière grise beaucoup plus importante ainsi que le cortex pré-frontal.
Attention à ne pas confondre éducation bienveillante ou positive avec laxisme !
L’adulte transmet des valeurs, un cadre, doit dire non à un comportement inadéquat sans humilier l’enfant.
Que se passe t’il dans le cerveau de l’enfant rabaissé, humilié ?
Tous les humains naissent empathiques et altruistes. Pourtant, ils subissent à 95% des cas des violences dans leur première année de vie .
« Tu es méchant, insupportable, infernal… » Ces injonctions vont produire du cortisol généré par le stress., destructeur des neurones, de la substance blanche de connexion entre les neurones, de certains gènes, de la structure neuronale !
Les conséquences sur les apprentissages sont importantes .
« Tu es nul, ton travail est mal fait, tu ne te concentre pas » . Ces injonctions détruisent l’hippocampe qui nous permet de mémoriser, d’apprendre, de calmer le stress créé par l’amygdale (envoie de cortisol).
Regards d’experts sur la fessée et autres sanctions
Catherine Gueguen, pédiatre, insiste sur le décodage des émotions de l’enfant. Pourquoi ? Parce que notre cortex pré-frontal adulte nous permet de prendre du recul, d’analyser une situation , contrairement à l’enfant jusqu’à 6-7 ans.
Ils prennent leurs émotions de plein fouet ! Les tristesses sont immenses, les colères ravageuses, les joies explosives !
L’empathique permet de faire maturer leur cortex pré-frontal. Une molécule, le BDNF, est sécrétée permettant de bonnes connexions.
Rébecca Weller, de l’Université d’Oxford, a fait le bilan de 30 études de l’éducation punitive et sévère .
Contrairement à l’intention de l’adulte de faire progresser l’enfant, il devient insensible, dur, sans empathie, violents et ont des attitudes antisociales, sont enclins à l’addiction.
Les sciences psycho-affectives et sociales datent d’il y a 22 ans seulement. D’où l’évidence d’une idée collective de l’éducation encore au début de prises de conscience .
La croyance depuis des millénaires est que faire souffrir l’enfant va le faire progresser. Il faut donc du temps pour faire évoluer cette croyance.
L’enfant attaqué va fonctionner avec son cerveau archaïque. Ces 3 modes de défenses possibles sont :
- Fuite
- attaque
- sidération
Mais nous pouvons éviter qu’il se retrouve dans cette situation face à nous. Qu’il entende notre message sans générer du stress ou de la peur.
Comment aider l’enfant et le parent pour remplacer le châtiment?


En invitant à exprimer ses émotions. L’enfant dit tout sur son visage. Cet apprentissage fait dès 2/3 ans, rend l’enfant capable de dire « je suis en colère, j’ai peur, je suis inquiet ». C’est important pour la construction de l’identité de l’enfant pour qu’ils se connaissent eux-mêmes.
Damasio disait : Etre connecté à nos émotions , pouvoir dire « je suis en colère, je suis stressé », calme l’amygdale sécrétant moins de cortisol, nous apaise.
Etre connecté à nos émotions va nous permettre de mieux apprendre, mieux entreprendre, de mieux choisir, et de savoir faire face à nos émotions.
Non connecté à nos émotions, les sens éthique et moral se perdent. On le sait seulement depuis le XXème siècle.
Spinoza l’a découvert mais n’a pas été entendu. C’est Damazio qui l’a crédité et rendu connu l’importance d’exprimer ses émotions enfant.
Nous pouvons apprendre à formuler nos demandes différemment, comme le propose la méthode des Québéquoises Faber et Mazlish. Elles proposent des ateliers de travail sur nos quotidiens, avec de nouvelles formules (des habiletés) qui débloquent bien des situations !
Deux ouvrages viennent étayer ce que j’ai expliqué jusque là :




« Soyez la lumière que vous voulez voir en ce monde »
Gandhi
Quelle alternative à la fessée pour éduquer ?
Eviter fessées, gifles, punissions et privations, mais éduquer dans un cadre ferme et bienveillant, c’est possible !
Isabelle Filliozat experte des besoins des enfants comme des parents, pourra vous apporter d’autres notions importantes dans votre quotidien.
Catherine Dumonteil-Kremer offre des propositions de communication bienveillante et créatives .
Je vous invite à parcourir leurs sites, à regarder des vidéos, pour vous imprégner de ce qui vous parlera.
Coté adulte des experts de la communication nous guident dans l’intelligence émotionnelle. La psychologie positive s’apprend.
Ilios Kotsou est expert de l’intelligence émotionnelle pure.
Marshall Rosenberg est le créateur de la Comunication Non Violente (CNV)
Carl Rogers a quand à lui créé l’approche humaniste, orientée sur la personne, avec l’écoute active.
Thomas d’Ansembourg est maitre dans l’art d’exprimer ses émotions sans que l’autre se sente jugé ou accusé. Il parle de faits et non de ressentis. De responsabilité de ses émotions et non de victimisation.
Alors, fessée ou autre méthode éducative ?
Au vu de ces lignes, quelque chose c’est il allumé en vous? En écrivant ces lignes, j’ai personnellement pris conscience que je peux faire mieux encore. La fessée est une ouverture de réflexion mais les châtiments r plus étendus. Et vous? Qu’est-ce que cela vous inspire ?
J’aime beaucoup ton article Delphine, tu insistes à juste titre sur le besoin de garder un cadre ferme et bienveillant. Beaucoup de parents oublient l’importance de ce cadre et laissent à l’enfant le choix des décisions familiales (repas, sorties, loisirs…) sans se rendre compte que c’est très insécurisant pour l’enfant. Il n’a plus sa « vraie » place d’enfant dans sa famille. Ce problème de place se poursuit ensuite quand l’enfant devient adulte. Il peine à trouver sa place dans la société en général et dans sa propre famille.
Merci pour ton commentaire 🥰🙏
Merci Delphine, c’est super intéressant et j’adore le fait d’expliquer tout ce qui se passe dans le corps. Je pense que c’est très important de donner les outils aux parents pour savoir comment réagir quand les émotions montent trop haut, car l’adulte aussi doit apprendre à écouter ses émotions pour les calmer et agir en conséquences: parler plus, ou si la colère monte trop le dire et prendre quelques minutes pour souffler au lieu se sévir.
Exactement ! Parler de ses émotions permet de les diminuer, et cela montre à l’enfant comment faire lui même ☺️
J’ai malheureusement vécu l’éducation « à l’ancienne » où fessées, violences et humiliations verbales passaient pour normales et même indispensables. C’est effectivement destructeur.
Nous avons éduqué nos filles dans le dialogue et l’écoute. Nous sommes loin d’être des parents parfaits bien sûr. Mais quand je les vois épanouies et équilibrées comme elles le sont, je me rends compte à quel point la violence est aucunement un bon choix éducatif.
Merci de le rappeler
Oui, nous sommes à l’intersection éducative et pionniers d’une nouvelle expérience.
Vos filles ont la chance d’avoir des parents conscients du respect de l’humain en développement qu’elles sont.
Ce que vous leur montrez en dialoguant est précieux et elles sauront aller puiser dans ces souvenirs -ressources plus tard 🙏
Les parents ont plutôt tendance à reproduire l’éducation qu’ils ont reçu de leurs parents. Mais ceux qui sont plus conscients optent pour la communication bienveillante basée sur le respect de l’enfant. J’apprends avec mes enfants à exprimer mes émotions par rapport aux situations que je vis avec eux. Et je m’aperçois qu’ils m’imitent.
Merci pour ce rappel important grâce à ton article.
Merci pour ton commentaire 🥰🙏